La crise migratoire à la frontière canado-américaine continue de susciter de vives réactions, notamment après les déclarations sur nos ondes de la mairesse de Saint-Armand, Caroline Rosetti, appelant à une surveillance accrue, en particulier dans les secteurs boisés.
Cette demande intervient alors que le nombre de migrants, en grande majorité haïtiens, tente de franchir la frontière, suite à la décision de l’ex-président Donald Trump de mettre fin au programme d’immigration humanitaire de l’administration Biden.
Depuis fin mars, les demandes d'asile ont explosé, notamment au poste de Saint-Bernard-de-Lacolle, où plus de 200 demandeurs d'asile ont été enregistrés dans les dernières semaines. Une situation qui n’a pas échappé au premier ministre du Québec, François Legault, qui a réagi publiquement mardi en évoquant la nécessité d’une gestion plus rigoureuse des flux migratoires.
Le ministre des Affaires étrangères, François-Philippe Champagne, a quant à lui rappelé le rôle crucial des États-Unis dans cette situation, appelant à une approche réciproque pour assurer une surveillance équivalente des frontières des deux côtés. Le gouvernement canadien, de son côté, a déjà investi 1,3 milliard de dollars pour renforcer la sécurité aux frontières, en incluant des renforts d’inspection et la création d’une force aérienne de surveillance 24/7.
Cependant, les propositions pour renforcer la sécurité ne font pas l’unanimité. Le candidat du Bloc Québécois dans Brome-Missisquoi, Jeff Boudreault, a critiqué ce qu’il perçoit comme un manque de sens dans la surveillance des zones boisées, déplorant aussi les coupures d'heures dans certains postes frontaliers. Il a rappelé l'importance du respect des droits des migrants, soulignant que la Convention de Genève, qui protège les réfugiés, reste un impératif à respecter.
Les autres partis, cependant, semblent plus réservés. Le candidat conservateur dans la même circonscription, Steve Charbonneau, a refusé de commenter, tout comme le NPD.
Pour Emmanuel Choquette, politologue à l’Université de Sherbrooke, il est impératif que les candidats abordent cette question de manière pragmatique, sans détourner les yeux des enjeux de fond. Selon lui, la politique migratoire est aujourd’hui trop marquée par des calculs électoraux et nécessite une réflexion sérieuse sur la capacité du Canada à accueillir ces migrants.
Alors que les discussions se poursuivent, la question de l’équilibre entre sécurité et respect des droits humains demeure au cœur du débat.
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